L’église de Saint-Martin-aux-Buneaux est inscrite sur la base Mérimée. Voir la référence en cliquant sur le lien.
Nous avons eu la chance de retrouver aux Archives Départementales une carte détaillée de la deuxième moitié du XVIIe siècle qui montre que, comme beaucoup d’églises du pays de Caux suite à la révocation de l’Edit de Nantes, cette église a été construite entre 1690 et 1700 sur les restes d’une église plus ancienne et plus petite, ou même d’un temple protestant détruit vers 1685.
Elle réemploie largement les matériaux d’une ou deux chapelles de Saint-Martin beaucoup plus anciennes.
C’est un des sanctuaires les plus vastes de la région. Les parties les plus anciennes de la nef sud sont situées sur la partie arrière du mur sud fait de moellons calcaires et de silex. Cette partie daterait du 11e siècle.
Le mur séparant les deux nefs est très largement ouvert pour permettre à tous les fidèles de suivre les offices. Cette nef nord a des murs en grès qu’on a su tailler et utiliser qu’à partir de cette époque.
Au 18e siècle, les ouvertures du mur sud de la première nef ont été très largement agrandies.
Une porte a été ouverte dans le mur sud de la première nef pour permettre aux seigneurs de Saint Martin de pénétrer directement dans l’église, sans passer par le porche principal réservé à la population. Pour cette raison, elle est dite « porte des châtelains ». Une inscription au dessus indique 1699.
Les couvertures de ces deux nefs devaient primitivement être en chaume, comme en témoignent les murs pignons qui dépassent très largement les toitures ainsi que leurs pentes plus prononcées. Il se peut qu’ensuite l’église ait été couverte en tuile normande plate ce qui expliquerait que la charpente ait été modifiée afin de la renforcer et de donner un pente plus douce. Des débris de tuiles ont été découvertes par Michel Lefebvre lors de ses travaux de réparation au cours du siècle dernier. L’ardoise n’a pu être utilisée que très récemment avec l’arrivée du chemin de fer en 1856 à Fécamp et en 1881 à Cany.
Les voûtes intérieures ont été recouvertes d’un lambris en pitchpin en 1910.
Le clocher actuel a été reconstruit en 1964 amputé des 2/3 suite à une tempête en décembre 1962. Antérieurement il était suffisamment élevé pour servir d’amer, c’est-à-dire de repère, aux marins. Pour ce motif, il figure sur une carte marine de la fin du 17e siècle, la carte de Van Keulen. Il est possible qu’il ait été « à la battière », c’est-à-dire à deux pans, de style normand, comme celui de Ocqueville à une époque, c’est ce qu’évoque le caractère massif de sa base en pierre.
Ce clocher a été endommagé à plusieurs reprises. Déjà en 1801, puis le 10 septembre 1869, la foudre entraîne un incendie qui détruit le clocher en grande partie. Il est reconstruit pour une somme de 1.794 francs, entièrement couverte grâce à une souscription parmi la population. Voir ci-contre les plans faits à cette occasion.
Le 11 décembre 1908, la foudre endommage une nouvelle fois le clocher qui est réparé en même temps qu’est posé un paratonnerre. Enfin, le 20 décembre 1962 une tempête le détériore une nouvelle fois. Le coût des réparations est estimé à 67.000 francs. On temporise dans un premier temps, puis, pour des raisons budgétaires, il est reconstruit tel que nous le connaissons actuellement, c’est à dire amputé des deux tiers.
Le 24 août 1947, une grande kermesse était organisée à Saint-Martin pour le pavage de l’église (cf l’affiche ci-contre).
Finalement, le sol n’a été entièrement pavé qu’en 1952, auparavant seule l’allée centrale était pavée.
A l’intérieur, un certain nombre d’éléments ont été inscrits en 1988 sur la liste supplémentaire des objets classés monuments historiques :
le retable latéral et bois peints et dorés du 17e siècle,
le tabernacle,
une toile peinte représentant l’Assomption,
les fonds baptismaux du 15e siècle ont été classés en 1993 : cuve moulurée de forme octogonale, décorée par des entrelacs. Le piétement qui tient la cuve est circulaire, décoré par des niches.
Des restes de litres seigneuriales du 17e siècle sont visibles ainsi que les blasons des seigneurs décédés. Le droit de litre était un droit seigneurial : au décès du seigneur de l’église, une bande noire était peinte sur les murs de l’édifice sur laquelle les armoiries du défunt se détachaient. Notez bien le bulletin libre d’accés consacré à l’analyse d’une des litres de l’église. Les litres sont peintes sur des pierres récupérées d’une chapelle plus ancienne.
On regardera avec intérêt les chapiteaux d’arcs de la nef de la chapelle de la Vierge dont les départs des nervures centrales ne sont pas utilisés. C’est un témoignages de plus de réemploi. Elles ont été démontées d’une des chapelles initiales et réemployée telles quelles, même si elles n’étaient pas complètement adaptées au nouvel édifice de 1690…
Autrefois, il y avait trois cloches. Deux d’entre elles furent fondues à la Révolution pour en faire des canons. La troisième fut remplacée en 1846 par la cloche actuelle. Elle pèse mille kilos et a 1m20 de diamètre. Elle sonne le ré# et le mi. Elle a pour nom Cécile-Charlotte. En septembre 1885, elle se détacha d’un de ses supports, le piton vers le treuil étant plus usé d’un côté que de l’autre. Il fut remplacé et consolidé. Le prêtre de l’époque recommanda aux prêtres qui lui succéderaient de veiller afin que cet accident ne se renouvelle pas.
En 1909, la cloche étant fêlée, elle fut descendue du clocher et réparée par brasure dans la cour de l’école des garçons. Cette réparation, hors les frais accessoires, coûta 225 francs, somme que l’abbé Hecquet, curé de la paroisse de 1904 à 1933, prit à sa charge.
Inscription sur la cloche de St-Martin (relevée en août 2006) :
« L’an 1846, j’ai été bénite dans l’église de St-Martin-aux-Buneaux par Mr l’Abbé Surgie, vicaire général de monseigneur de Blanquart de Bailleul, archevêque de Rouen, et nommée Cécile-Charlotte par M. Charles-François Emerie Deshommets, comte de Martainville et madame Alexandrine-Charlotte de Préaulx, Comtesse de Martainville, en présence de MM. François Armand le Thelier, Prêtre curé de cette paroisse, de Pierre-Julien Olivier, Maire, de Pierre Emo, Président, de Clément Jolly, de François Riqueur, de Pierre-Adrien Benard et de Firmincamps, administrateurs ».
Le retable du chœur est classé. Dans le style lavallois ou angevin, il date de la deuxième moitiée du XVIIe. Il comporte au centre un grand tableau de saint Martin. De chaque côté, des statues en bois peint representant Saint Jean Baptiste et Saint Martin. A gauche saint Martin, avec ses attributs d’évêque et à droite saint Jean-Baptiste tenant l’agneau. On remarque aussi deux statues de Sainte Agathe et de Saint Adrien, ainsi que de nombreux angelots.
On consultera avec intérêt la page wikipedia sur les retables ici.
Il en est de même pour le retable de la nef de la Vierge. Voir la éférence Palissy numéro PM76005570. La peinture de ce retable est en cours de restauration.
Le baptistère de la fin du 16e siècle est lui aussi classé. Il est en pierre avec des personnages sculptés de style Renaissance. Il est aussi enregistré sur la liste Palissy sous le numéro PM76001745